Pour traiter le sujet, vous pouvez remarquer que les deux premières vidéos de la page AUTRUI parlent
de savoir s'il est possible d'être soi-même quand on est en présence des autres.
Question posée par une élève le 30-01 et ma réponse ci dessous. N'hésitez pas à éventuellement poser d'autres questions:
Bonsoir monsieur,
La classe et moi-même aimerions savoir, si dans notre devoir maison, il serait possible de cité non pas des philosophe, mais des magazines, comme "philosophie magazine"?
Dans l'attente de votre réponse, je vous souhaite de bonne vacance.
HC TES1
Bonjour à la TES1
Attention à ne pas laisser penser les citations, quelqu'elles soient, à votre place. Si un passage d'un article de journal ou du magazine Picsou vous fait réellement penser, alors pourquoi pas? Si une citation de Heidegger n'est là que pour que vous puissiez vous dire "j'ai mis une citation, j'ai juste?", alors évitez. Attention toutefois à l'usage du net: j'ai aussi accès aux ressources de philosophie magazine dans lequel des sujets proches sont plus ou moins traités. Tâchez peut être plus de vous faire confiance et refléchir à partir de ce que vous avez compris de vos lectures.
Conseil 1: IL N'EST EN AUCUN CAS OBLIGATOIRE "D'AVOIR" DES CITATIONS POUR FAIRE UN BON DEVOIR.
Conseil 2: Vous êtes tous capables de penser par vous-même et faire preuve d'autonomie dans l'exercice critique du jugement.
Bon courage et bonnes vacances malgré tout
RM
Est-il difficile d’être soi-même ?
Il ne s’agit pas pour vous de suivre toutes ses pistes de recherches et de réflexion mais certaines d’entres-elles.
1-Pistes de réflexion :
Définition provisoire des termes, impliquant une première reformulation du sujet :
-« difficile » : lié à la notion d’effort (Faut-il donc faire un effort pour être soi-même ? ou à l’inverse, est-ce que les efforts que l’on fait pour être soi-même nous éloignent d’autant plus de ce que nous sommes « naturellement » (expression à interroger) ?
-« être soi-même » : est-ce être naturel ? Auquel cas, les animaux, les enfants sont-ils plus « eux-mêmes » que nous ? Est-ce être identique à soi-même, mais alors cette identité est-elle une identité mathématique, comme lorsqu’on dit que 1=1 ? Notre identité est-elle comparable à ce qui fait qu’une chose (un morceau de bois) est lui-même ? Etre soi-même, est-ce être « fidèle à soi même », ce qui implique d’interroger cette notion de fidélité à soi ?
Etre soi-même, est-ce être un « individu » par opposition à un groupe, un « collectif » ? Mais alors, être un individu, est-ce « naturel » ou est-ce le résultat d’un devenir ?
-Etre soi même suppose-t-il comme condition qu’on se connaisse, ou cela invite-t-il plutôt à une « création de soi par soi » ?
-L’idée d’inconscient introduit l’idée d’une altérité en moi-même ce qui, contre ce que dit Alain (textes sur la conscience), implique à renoncer à l’identité comprise comme « JE=JE » ? Puis-je, contre ce que dit Alain « être un autre » que soi (Voir citation de Rimbaud : « je est un autre ») ? Et est-ce alors facile ou difficile de faire retour sur cette « zone d’ombre » de manière à coïncider avec soi. Est-il alors nécessaire, comme le soutient la psychanalyse, de passer par le détour d’autrui (sous la forme du psychanalyste), pour arriver à être soi-même ?
2- Pistes de recherche :
-Si on peut être « autre » que soi, quelles sont les « figures » ou les « formes » de cette aliénation ? Le travail aliéné chez Marx.
-L’idée de désir mimétique chez Renée Girard, au sens ou l’imitation, en impliquant un désir de ressembler, entraîne une aliénation par rapport à soi.
-L’idée de « confiance en soi » chez Emerson, pour qui « l’imitation est suicide », ce qui implique une certaine forme d’individualisme.
-Voir la phrase paradoxale de Nietzsche « devient ce que tu es », ce qui fait de l’individualité un processus (= l’individuation) et non pas un état naturel
-Voir le poème soufi sur la feuille de texte sur autrui : puis-je « être » les autres, faire « un » avec eux, tout en restant moi-même ?
3-Texte
"La révélation de l’existence d’autrui est incluse dans l’être avec autrui. Notre existence, parce qu’elle est être-avec-autrui, inclut d’emblée la compréhension d’autrui ; Cette compréhension n’a pas la connaissance pour origine, elle est au contraire liée à un mode d’être avec les autres, qui est à l’origine de nos connaissances et même de toute notion.
Vivant dans le monde avec autrui, chacun est situé dans un monde ambiant où il peut découvrir les autres, devenir soucieux par eux ou bien pour eux. Autrui se révèle ainsi d’abord, avec justesse, sur le mode de la préoccupation et de l’assistance.
Mais en usant des transports en commun ou des services d’information (des journaux par exemple), chacun est semblable à tout autre. Cette situation d’indifférence et d’indistinction permet au "on" de développer sa dictature caractéristique : nous nous amusons, nous nous distrayons, comme "on" s’amuse ; nous trouvons "scandaleux" ce que "l’on" trouve "scandaleux" ; nous jugeons et parlons de littérature ou de musique, comme "on" en parle ou "on" en juge. Le "on", qui n’est personne de déterminé et qui est tout le monde, prescrit à la réalité quotidienne son mode d’être. En réussissant toujours à se dérober, le "on" se mêle de tout.
L’être en commun dissout complètement l’être qui est le mien : chacun est l’autre et personne n’est soi-même. "
(Martin Heidegger, L’Etre et le Temps)